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Biais et éthique de l'intelligence artificielle : quels enjeux pour une société durable ?

Ce qu’il faut retenir en 5 points essentiels :

  • L'IA reproduit et amplifie les biais sociaux existants (stéréotypes, discrimination)

  • Les données d'entraînement biaisées créent des algorithmes discriminatoires (ex : reconnaissance faciale ou recrutement de femmes à peau foncée)

  • Une préparation rigoureuse des données est essentielle pour une IA responsable

  • Les deepfakes menacent la confiance et nécessitent une régulation adaptée

  • L'éthique de l'IA doit préserver l'autonomie humaine pour libérer son potentiel de transformation

Edit (Mai 2025):

L’entrée en vigueur progressive de l’AI Act marque un tournant dans l’encadrement des usages de l’intelligence artificielle en Europe. 

L’entrée en vigueur progressive de l’AI Act marque un tournant dans l’encadrement des usages de l’intelligence artificielle en Europe. Ce cadre juridique inédit vise à mieux contrôler les systèmes à haut risque – reconnaissance faciale, algorithmes de recrutement, notation sociale – tout en posant les bases d’un développement plus éthique et responsable de l’IA.

Ce règlement sensibilise à la nécessité de développer des technologies respectueuses de l'environnement et de la société.

Et les défis à relever dépassent la seule conformité réglementaire. À l’heure où les technologies génératives se déploient massivement, les biais algorithmiques continuent de reproduire des stéréotypes sociaux, tandis que les deepfakes, de plus en plus sophistiqués, fragilisent la confiance dans l’information et les institutions.

Par ailleurs, l’essor de l’IA soulève des questions environnementales majeures : les modèles les plus performants exigent des ressources énergétiques considérables, souvent incompatibles avec les engagements climatiques des organisations. Ces enjeux rejoignent ceux de la RSE, qui incluent désormais la transparence algorithmique, la protection des données et l’empreinte carbone des solutions numériques. Ce sont des aspects cruciaux pour s'assurer que l'IA serve véritablement le potentiel humain et organisationnel.

Entre biais algorithmiques, reconnaissance faciale et manipulations

L’avènement rapide de l’intelligence artificielle dans notre quotidien suscite un enthousiasme considérable, promettant des avancées significatives dans divers domaines. Cependant, derrière cette révolution technologique se cachent des défis éthiques cruciaux qui méritent une attention soutenue, car ils touchent à l'essence même de notre interaction avec la technologie et son impact sur l'humain.

De la déformation des représentations sociales par les biais algorithmiques aux inquiétudes liées à la reconnaissance faciale discriminatoire, en passant par la montée des deepfakes et leur potentiel de manipulation de l’information, cet article se penchera sur les risques sociaux liés à l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle, et sur la nécessité d'une approche éclairée pour en maîtriser les contours.

1. Biais algorithmiques : quand l’IA renforce les stéréotypes

Les générateurs d’images reproduisent des clichés

Les récentes percées dans le domaine des intelligences artificielles (IA), en particulier les générateurs d’images, ont suscité un enthousiasme généralisé. Cependant, derrière la façade de neutralité de ces outils se cachent des biais algorithmiques susceptibles d’exercer une influence significative sur notre perception sociale.

Un exemple révélateur de cette problématique émerge avec la campagne de Heetch, une entreprise de VTC française, intitulée « Greetings from la banlieue ».
Cette campagne dénonce les clichés sur les banlieues propagés par l’IA de Midjourney. En effet, lorsqu’il est confronté au terme « banlieue », l’algorithme de génération d’images produit des représentations déformées de la réalité. Celles-ci sont souvent imprégnées de stéréotypes négatifs. Cette situation met en lumière un enjeu plus vaste. Les biais algorithmiques dans les IA peuvent influencer notre perception des groupes sociaux. Et cela contribue ainsi au renforcement des préjugés.

Une influence sur la perception sociale

Cette situation met en lumière un enjeu plus vaste. En effet, les biais algorithmiques dans les IA peuvent influencer notre perception des groupes sociaux. Et cela contribue ainsi au renforcement des préjugés.

Face à ces défis, il est impératif d’adopter une approche plus critique et proactive dans le développement et l’utilisation des intelligences artificielles. Cela commence par une vigilance accrue sur la qualité et la représentativité des données d'entraînement – un enjeu fondamental pour prévenir l'ancrage de biais systémiques, et un préalable à toute initiative IA souhaitant réellement libérer le potentiel des utilisateurs.

Des entreprises telles que Heetch montrent la voie en mettant en lumière ces problèmes et en recherchant des solutions créatives.

Heetch

2. Reconnaissance faciale source de discrimination 

Des algorithmes peu fiables pour certains visages

L’émergence de l’intelligence artificielle a été accompagnée par l’utilisation croissante de la reconnaissance faciale. Ces deux technologies mises ensemble peuvent poser des problèmes de discrimination. Joy Buolamwini, chercheuse américano-ghannéene, a révélé des lacunes inquiétantes dans certains logiciels. Elle a démontré que certains algorithmes avaient des difficultés à identifier des visages féminins et des peaux foncées.

Reconnaissance faciale

Des bases de données peu représentatives

L’origine de ces problèmes réside probablement dans le processus d’apprentissage des algorithmes sur des bases de données insuffisamment diversifiées. Si ces ensembles de données ne reflètent pas adéquatement la diversité humaine, notamment en termes de femmes noires, la machine risque d’être mal entraînée.

Cette révélation souligne les préoccupations éthiques profondes entourant l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle dans la société, et l'impératif de placer les valeurs humaines et la non-discrimination au centre de toute démarche d'innovation technologique.

En 2017, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait déjà mis en garde les programmeurs sur le risque que l’intelligence artificielle ne reflète, voire n’amplifie, les discriminations existantes dans notre société.

3. Biais algorithmique et risques pour l’emploi 

L’exemple d’Amazon et des candidatures féminines

Actuellement, les chercheurs soulignent que les risques de discrimination constituent l’une des principales vulnérabilités de l’intelligence artificielle. Les algorithmes d’IA ont tendance à figer des stéréotypes racistes ou sexistes. Cela a été illustré de manière frappante par l’ancien algorithme de recrutement d’Amazon. Des analystes ont découvert que le programme, basé sur un système de notation automatisé, pénalisait les candidatures comportant des références aux femmes. Ces biais discriminatoires présents dans les systèmes d’intelligence artificielle trouvent leur origine principalement dans les ensembles de données sur lesquels ces IA sont formées notamment des bases de données de CV d’anciens candidats majoritairement masculins.

Biais algorithmique et risques pour l’emploi

Données biaisées et reproduction des inégalités

On peut distinguer deux catégories de biais dans l’IA : les biais algorithmiques et les biais sociétaux. Dans le premier cas, les IA sont formées sur des données biaisées. Et notamment les données biaisées par l’IA elle-même. Si l’IA s’alimente d’un contenu qu’elle produit, on risque d’avoir une amplification des biais. Dans le second cas, les biais sociétaux sont enracinés dans des préjugés et des stéréotypes ancrés dans l’inconscient collectif.

Cela rend difficile leur détection et donc leur correction, et sensibilise à l'importance majeure d'une démarche d'audit et de préparation rigoureuse des données en amont, pour identifier et atténuer ces "signaux faibles" avant qu'ils ne se cristallisent en discriminations avérées.

4. Deep fake et manipulation de l’information

Une menace pour la véracité de l’information

À mesure que les géants d’internet renforcent leur emprise sur nos vies numériques et réelles, les progrès de l’intelligence artificielle exacerbent cette domination, souvent au service d’idéologies politiques ou de lobby. Les deepfakes résultent de l’utilisation d’algorithmes sophistiqués tels que les Generative Adversarial Networks (GAN). Ces outils permettent la manipulation de vidéos, d’images, et même la génération de fausses informations extrêmement réalistes.

Deepfake de Donald Trump

Deepfake de Donald Trump

Vers une régulation de ces technologies

Face à ces dangers croissants qui érodent la confiance - socle de nos interactions sociales et institutionnelles - les grandes entreprises technologiques tentent de contrer les deepfakes en utilisant elles-mêmes l’IA. L'intelligence collective et une régulation adaptée seront nécessaires pour naviguer dans ces eaux troubles.

La CNIL a exprimé son intention de créer un cadre législatif et réglementaire pour encadrer la reconnaissance faciale.

Conclusion

L’émergence de l’intelligence artificielle soulève des questions cruciales sur la préservation de la vérité, de la vie privée et la lutte contre les discriminations de tous genre. Alors que les technologies continuent de progresser, il devient impératif de développer des réglementations robustes et des mécanismes de contrôle pour minimiser les risques inhérents à ces outils. L’avenir de l’IA dépendra de notre capacité à équilibrer les avantages potentiels avec la protection contre les abus, assurant ainsi un avenir numérique plus sûr et éthique pour tous.

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